Communiqué de presse
Paris, le 28 mai 2020
La santé digitale : pilier de l’ère post-Covid-19
L’analyse de Sébastien Woynar, MD, DrPH, Investment Director, Venture
& Valéry Huot, Head of Venture chez LBO France
A l’heure où la France commence à tirer les leçons de la pandémie mondiale, la santé digitale doit jouer un rôle central dans la transformation de notre système de santé, de notre économie et de notre société – à condition de bénéficier du soutien nécessaire.
Face à l’épidémie du Covid-19, les acteurs du numérique et de la e-santé se sont mis en ordre de marche. Il semble aujourd’hui évident que la sortie du confinement ne se fera pas sans la mobilisation de ces champions de la santé digitale. Parmi eux, la société H4D permet au patient de réaliser un examen et des test médicaux dans une cabine de téléconsultation. La société Stilla Technologies développe, quant à elle, des solutions de diagnostic à très haute précision qui permettra d’augmenter la fiabilité des tests et de les effectuer par groupes de citoyens, pour accélérer le déconfinement. Cette démarche est essentielle, tant pour permettre aux citoyens de retrouver leur vie « d’avant » que pour permettre à notre économie de redémarrer dans le monde « d’après ».
Mais à quoi ressemblera-t-il ? Dans le brouillard actuel, une conviction : en France comme en Europe, les systèmes de santé de l’ère post-Covid devront s’appuyer sur le développement d’une filière d’excellence dans le domaine de la santé digitale.
Est-ce que l’épidémie aurait pu être contenue plus en amont, si nous avions été mieux préparés, mieux informés ? Beaucoup « d’experts », souvent les mêmes, qui n’ont pas vu venir cette crise, essayent déjà de l’analyser à l’aulne des informations que nous avons aujourd’hui et d’en tirer des leçons bien trop conjoncturelles. Pour concevoir le monde d’après, il nous faut accepter que l’univers des possibles soit plus large et différent de ce qu’on a connu jusqu’à présent. Il deviendra alors assez clair que face à cette incertitude, seul un vivier très important d’inventeurs, d’entrepreneurs, d’innovateurs pourra répondre à des défis futurs.
Dans cet écosystème, la place de la santé digitale devient évidente. Entre les quelques cas de pneumopathies atypiques liées à un virus inconnu en Chine en décembre 2019 et les dizaines de candidats thérapeutiques ou vaccinaux actuels, ainsi que les stratégies de santé publique optimales, il n’a fallu que 4 mois. Les données, algorithmes, modélisations et réseaux informatiques ou de neurones ont été les outils au service du génie humain.
Prévenir, prédire, diagnostiquer, suivre, innover : c’est la raison d’être des entreprises formidablement innovantes qui repoussent les frontières technologiques du secteur de la santé digitale. Leurs logiciels permettent aujourd’hui de collecter et traiter des données relatives à l’épidémie, d’informer les citoyens, d’optimiser la structure moléculaire d’un candidat thérapeutique, de recruter des patients pour des essais cliniques… Elles permettront demain d’anticiper et d’aborder plus sereinement les futures situations de crise : nouvelles pandémies, vieillissement de la population, développement des maladies chroniques dans un contexte de saturation du système de soins… mais elles ne pourront répondre aux enjeux de demain qu’à condition de bénéficier d’un accès suffisant au capital.
Ce constat n’est pas nouveau. Si le Covid-19 en est un révélateur flagrant, le rapport Potier remis en février 2020 aux Ministère de l’Économie et de la Recherche, identifiait déjà la santé digitale comme l’un des dix secteurs prioritaires pour la France, nécessitant des soutiens massifs à l’innovation afin de « favoriser l’émergence et la consolidation d’un tissu d’ETI françaises spécialisées ». D’autres pays l’ont compris bien avant nous, comme les Etats-Unis ou Israël, pionniers de la santé connectée, mais aussi certains Etats du continent africain, qui jouent depuis plusieurs années la carte du numérique pour pallier la difficulté d’accès aux structures de soins traditionnelles.
Notre pays peut s’enorgueillir de ses compétences dans le domaine médical et numérique et de l’excellence de ses centres de recherche, les composants essentiels de l’innovation. Cependant, comment aider ces talents, qui se regroupent désormais de plus en plus dans des start-ups, à faire émerger leurs technologies au cœur de notre système de santé ?
D’abord, le financement du risque est clé : par essence, le capital-risque permet d’investir dans des projets souvent utiles à la société. Toutefois, ces start-ups ont également besoin « d’acheteurs », publics et privés, qui assument leur part du risque, en facilitant leur accès au marché.
Qu’avons-nous à y gagner ? Une meilleure qualité de vie pour les patients et nos citoyens, aujourd’hui et dans le futur. Et s’assurer que nos cerveaux construisent aujourd’hui l’économie du savoir de demain, seule réponse éclairée aux défis à venir.